Illustratrice jeunesse depuis de nombreuses années, j’ai travaillé pendant plus de vingt ans avec succès avec de nombreuses maisons d’édition parisiennes et j'ai illustré de nombreux livres jeunesse. Depuis deux ans, mon oeuvre se diversifie et se dirige vers l’art abstrait qui, contrairement aux Arts appliqués, offre un parcours en toute liberté et me permet de suivre la direction que je souhaite, en particulier de me concentrer sur les zones de transition entre les couleurs lorsqu’elles entrent en vibration les unes avec les autres. A la différence de l’illustration qui est toujours la représentation d'une histoire, d'un article ou d'une idée, l'abstraction offre la possibilité d'aller vers l'émotion sans passer par le biais de la représentation figurative .

Le postulat de cette série débutée en 2018 et développée en 2019 en résidence au Kunstatelier de Dübendorf est de susciter l’émotion chez le spectateur par les interactions et les vibrations entre les couleurs. Le but est d’aller directement vers le ressenti. Mon inspiration première est venue d’une toile de Paul Klee, « Arbre en fleurs », 1925, dont la liberté dans sa représentation de son sujet m'a donné l’impulsion pour suivre mon propre chemin créatif.

L’utilisation des pastels secs dans l'illustration durant de nombreuses années a contribué à développer chez moi un plaisir à créer des rapports riches entre les couleurs. Désormais c’est grâce à l’acrylique que j’obtiens ces résonances particulières. Mes tableaux amènent d’abord le regard du spectateur sur les zones de lumière les plus fortes. Dans un second temps son oeil est attiré vers des zones plus sombres aux harmonies plus sourdes mais tout aussi vibrantes.

Je veux que le regard se perde dans les couleurs de la toile. Je recherche de ce vertige qu’on ressent devant une oeuvre lorsqu’on lâche prise et qu’on se laisse entraîner sans passer par le filtre de l’intellect. Ayant vécu cette expérience face aux oeuvres de Mark Rothko, j’ai parfois eu l’impression d’être hypnotisée et de vibrer intérieurement d’une façon jusqu’alors inconnue. C’est ce sentiment que je cherche à créer quand je me concentre sur les zones de superpositions et de transition entre les couleurs comme dans mes toiles «Grand Outremer» ou «Istanbul»

Mon désir de poursuivre est nourri par les influences des expositions que je visite, comme très récemment celle de Sean Scully à la Villa Panza qui a été très inspirante, en particulier la force qui se dégage de ses toiles abstraites de grand format striées de coups de pinceaux pleins d’énergie. Celà me donne le projet de commencer une nouvelle série inspirée davantage de mes émotions personnelles..

La série de peintures «  Stepping out » m’a permis de mettre de côté la tablette et l’ordinateur que j’utilise

beaucoup dans mon travail d’illustration pour opérer un retour aux sources: retrouver la matière, la lumière, le toucher du pinceau

sur la toile, passer de la position assise à

la position debout, entrer dans une

nouvelle dynamique et dans une plus

grande amplitude du geste.

Je retrouve avec plaisir un contact

physique avec la toile et j’aspire

à peindre  de plus grands formats.